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30 janvier 2005

Le lac

LE LAC  (extraits)

Ainsi toujours poussés vers de nouveaux rivages,

dans la nuit éternelle emportés sans retour,

ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges

jeter l'ancre un seul jour ?

Ô lac! l'année à peine a fini sa carrière,

et près des flots chéris qu'elle devait revoir,

regarde! je viens seul m'asseoir sur cette pierre

où tu la vis s'asseoir !

Un soir t'en souvient-il nous voguions en silence;

on n'entendait au loin , sur l'onde et sous les cieux,

que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

tes flots harmonieux.

Tout à coup des accents inconnus à la terre

du rivage charmé frappèrent les échos:

le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère

laissa tomber ces mots :

Ô temps! suspends ton vol, et vous heures propices!

suspendez votre cours:

laissez nous savourer les rapides délices

des plus beaux de nos jours!

Assez de malheureux ici-bas vous implorent,

coulez, coulez pour eux;

prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent

oubliez les heureux.

Mais je demande en vain quelques moments encore,

le temps m'échappe et fuit,

je dit à cette nuit : sois plus lente et l'aurore

va dissiper la nuit.

Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,

hâtons nous, jouissons!

l'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive

il coule, et nous passons.

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,

où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,

s'envolent loin de nous de la même vitesse

que les jours de malheur ?

Eternité , néant, passé, sombres abîmes,

que faites-vous des jours que vous engloutissez ?

parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes

que vous nous ravissez.

Qu'il soit dans ton repos , qu'il soit dans tes orages

beau lac , et dans l'aspect de tes riants coteaux,

et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

qui pendent sur tes eaux.

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

dans les bruits de tes bords par tes bords répétés

dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface

de ses molles clartés.

Que le vent qui gémit , le roseau qui soupire,

que les parfums légers de ton air embaumé,

que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,

tous disent : Ils ont aimé.

Lamartine

 

 

 

 

 

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